Édito

Le temps, la télévision et nous

En octobre 1965, la petite lucarne s’est allumée à Nouméa sans faire beaucoup de bruit. Presque dans la discrétion. Ce qui apparaissait comme une énième évolution technologique s’est cependant très vite imposé comme une révolution culturelle. Pour la première fois en effet, la société calédonienne renvoyait une image d’elle-même. Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ? Que voulons-nous ? Cela fait 50 ans que le journal télévisé donne chaque jour des réponses à ces questions simples mais essentielles. En décryptant quotidiennement ce pays, avec ses fulgurances, ses éruptions, ses émotions et sa force tranquille, la télévision le révèle à lui-même.

Cela fait 50 ans que la chaîne du Mont Coffyn raconte l’histoire de ces femmes et ces hommes accrochés à leur Caillou. Les gamins d’hier sont devenus des adultes engagés. Des acteurs que l’on pensait incontournables se sont évaporés alors que d’autres, anciens ou nouveaux, ont creusé leur sillon et s’imposent. Années de turbulence et de mouvement. Années de création, d’organisation, d’invention. Les hommes ont ouvert de nouvelles routes et des nouveaux ponts. Ils ont construit des villes et des usines. Ils ont amené l’électricité, l’école et l’internet partout. Ils se sont également beaucoup, beaucoup interrogés sur eux-mêmes et leur avenir.

Pendant ces 50 ans, pendant ce demi-siècle, la télévision a été le témoin modeste mais quotidien de cette société calédonienne qui se construit. La télévision lui a donné une visibilité. 50 ans d’images. 50 ans de regards. 50 ans de paroles. La télévision qui est un média de l’instant s’inscrit ainsi dans le temps, c’est-à-dire dans l’histoire. S’inscrire dans le temps, c’est aussi s’inscrire fortement dans le paysage. Et dans paysage, il y a à la fois pays et visage. Visages d’un pays. Visage du pays. Au fond, la télévision a permis ces expressions subtiles, riches et complexes qui disent notre identité. Tout simplement.

Wallès Kotra

Wallès Kotra, Directeur Régional NC 1ère